Vinaigrette au melfor

Peu connu en dehors de l’Alsace et de la Lorraine, le Melfor, ce vinaigre au miel et aux plantes, m’a tout de suite séduite par sa douceur inattendue. C’est par hasard que j’ai acheté du Melfor lors d’un séjour dans l’Est, sans savoir ce que cela pouvait être, et j’ai été conquise dès que je l’ai goûté!
Le nom « Melfor » vient de la contraction de deux mots qui en disent long sur sa composition : « miel » et « fort ». À première vue, on pourrait penser qu’il s’agit simplement d’un vinaigre au miel. Mais ce serait réduire ce produit à une seule de ses facettes. En réalité, le Melfor est bien plus complexe : il s’agit d’un condiment vinaigré, élaboré à partir de vinaigre d’alcool, de miel (environ 3 %) et d’infusion de plantes (principalement du sureau, mais aussi de l’estragon, de la camomille ou d’autres herbes selon les versions). Ce mélange lui confère un goût très doux, très rond, sans l’agressivité acide d’un vinaigre classique.
Officiellement, le Melfor n’est donc pas un vinaigre à proprement parler, ce qui explique qu’il n’entre pas toujours dans les mêmes catégories réglementaires. Mais pour la majorité de ses utilisateurs, c’est bel et bien le vinaigre du quotidien, celui qu’on utilise pour tout, des salades aux cornichons maison, des lentilles tièdes aux œufs mimosa.
Le Melfor est né dans les années 1920 en Alsace, dans la ville de Mulhouse. Son créateur, Fernand Higy, était un industriel à la recherche d’un produit plus doux et plus digeste que le vinaigre classique. Il s’inspira de recettes traditionnelles dans lesquelles on coupait l’acidité du vinaigre avec un peu de sucre, de miel ou des infusions de plantes médicinales. Cette pratique existait déjà dans les foyers ruraux d’Alsace, où l’on concoctait des vinaigres maison avec ce qu’on avait sous la main, en suivant les principes d’une cuisine médicinale, héritée à la fois des monastères médiévaux et des savoirs populaires. En 1922, Higy dépose la recette et la marque « Melfor », et commence à commercialiser ce produit au goût unique. Le succès est immédiat, et le Melfor devient rapidement un incontournable dans les foyers alsaciens.
Encore aujourd’hui, l’entreprise Higy (toujours familiale !) produit le Melfor à Mulhouse, selon la recette originale tenue secrète. Et malgré les changements d’époque et les défis de la mondialisation, la marque continue d’être un symbole régional fort, au même titre que la choucroute, le kougelhopf ou les bretzels.
Si vous êtes originaire d’Alsace ou que vous avez eu la chance d’y séjourner, vous savez peut-être déjà que les Alsaciens sont fidèles au Melfor. Il suffit de regarder le rayon vinaigre dans une épicerie locale pour constater qu’il y a presque plus de bouteilles de Melfor que de vinaigre de vin ! Et il n’est pas rare que les expatriés d’Alsace fassent le plein à chaque retour dans la région, ou demandent à leurs proches de leur en expédier.
Au-delà de son origine, le Melfor présente aussi des qualités nutritionnelles intéressantes. Sa douceur naturelle permet de réduire la quantité de sel dans les préparations, ce qui en fait un bon allié pour celles et ceux qui surveillent leur tension ou leur apport en sodium.
Mais ce qui me plaît surtout avec le melfor, c’est sa polyvalence. On peut l’utiliser :
- en vinaigrette, bien sûr, comme dans la recette que je vous propose plus bas ;
- pour déglacer une poêle, avec des légumes rôtis ou du tofu caramélisé ;
- pour adoucir une sauce un peu trop acide ;
- ou même dans des pickles maison, pour obtenir des légumes croquants et subtilement parfumés.
J’ai longtemps hésité à partager cette recette, tant elle me semble basique, et en même temps spécifique car il faut disposer du fameux Melfor! Mais je me suis dit que même si le Melfor est peu connu hors d’Alsace, il mérite que je lui fasse une petite place ici!
Cette vinaigrette, je la prépare souvent pour accompagner des salades composées d’hiver : mâche, betteraves râpées, pommes croquantes, noix torréfiées… Elle a cette douceur qui équilibre les saveurs rustiques ou terreuses, et elle plaît à tout le monde.
C’est aussi une excellente base pour improviser : on peut y ajouter un peu de jus d’orange, de la purée de sésame, un filet de sauce soja, ou des herbes fraîches selon la saison. Mais la base, elle, reste la même : ce goût unique, légèrement miellé, arrondi par les graines de moutarde et la rondeur de l’huile de noix. Un petit bocal, un bon coup de shaker, et vous voilà avec une vinaigrette pleine de caractère, mais jamais trop forte.
Alors si vous ne le connaissiez pas encore, j’espère que cet article vous donnera envie de glisser une bouteille de Melfor dans vos placards.
🍄 Ingrédients et Substitutions :
- Remplacez l’huile de colza par de l’huile d’olive pour une saveur plus méditerranéenne.
- Pour un goût plus intense de noix, utilisez uniquement de l’huile de noix ou mélangez avec de l’huile de noisette.
- La moutarde peut être remplacée par de la moutarde à l’ancienne pour un côté plus rustique.
- Vous pouvez remplacer le miel liquide par du sirop d’érable ou d’agave pour une version vegan.
- Si vous préférez une vinaigrette moins douce, réduisez la quantité de miel ou remplacez-le par un peu de vinaigre balsamique.
🥣 Méthode :
Pour un résultat optimal, secouez vigoureusement votre vinaigrette dans un bocal fermé pour bien émulsionner tous les ingrédients.
Vous pouvez la préparer à l’avance et la conserver au frais jusqu’à 5 jours en remuant avant chaque utilisation.
N’hésitez pas à goûter et ajuster le sel, le poivre ou le miel selon vos préférences.
🌿 Green Tips :
- Faire sa vinaigrette maison à base d’ingrédients que l’on a dans ses placards est non seulement économique mais aussi intéressant pour l’environnement en évitant l’achat de vinaigrettes toutes faites en bouteilles plastique. Si vous aimez en avoir d’avance, faites en en plus grande quantité, elle se conservera bien à condition de ne pas contenir d’ingrédients frais.
❄️ Conservation et Congélation :
- Cette vinaigrette se conserve au réfrigérateur dans un bocal fermé pendant au moins une semaine.
- Pensez à bien secouer avant chaque usage, car l’huile et le vinaigre peuvent se séparer naturellement.
- Il est préférable de ne pas congeler une vinaigrette car cela pourrait altérer sa texture et ses saveurs.
💡 Essayez aussi :
Si vous appréciez cette vinaigrette douce au Melfor, vous aimerez sûrement découvrir ma recette de salade de pommes de terre façon tartare, ou encore ma salade au chèvre chaud et abricots au miel pour un repas gourmand et équilibré.
Ingrédients
- 10 cl de vinaigre Melfor
- 5 cl d’huile de colza
- 5 cl d’huile noix
- 1 c. à s. de moutarde
- 1 c. à s. de graines moutarde
- 1 c. à s. miel liquide
- Sel, poivre
Instructions
- Versez le vinaigre Melfor dans un petit bocal propre.
- Ajoutez la moutarde, les graines de moutarde et le miel liquide. Mélangez bien pour dissoudre le miel et homogénéiser l’ensemble.
- Incorporez ensuite l’huile de colza et l’huile de noix.
- Salez et poivrez à votre convenance.
- Fermez le bocal ou le shaker, puis secouez énergiquement pendant quelques secondes jusqu’à ce que la vinaigrette soit bien émulsionnée.
- Goûtez et ajustez l’assaisonnement si nécessaire.
plaisiretequilibre
Le vinaigre de mon enfance, plus doux que les vrais vinaigres, je continue à faire mes vinaigrettes avec ! Avant j’en ramenais toujours d’Alsace mais maintenant j’en trouve parfois au supermarché et toujours à Grand Frais. Ta vinaigrette est très sympa avec les graines de moutard ! Bonne soirée, bisous